Les mots et Mama.
Mama n’était pas du groupe de marche de dimanche. Lorsque nous cheminons ensemble non loin de la Seine elle écoute, elle répète et d’une fois à l’autre retrouve les mots: pie, corbeau, mouette, if (« l’arbre le plus petit Mama, deux lettres seulement ») et s’enchante parfois: « rouge-gorge? Je sais: la gorge, le cou . Gorge-rouge, d’accord. » Puis un peu inquiète: « malade? »
Elle trouve cela bien difficile . Cinq ans en Espagne lui ont permis de se faire une méthode mais elle se prétend maladroite et puis lui font défaut la pratique et les échanges.
-Mama tu en sais pas mal en français et moi trois mots seulement en arabe.GHV
Evelyne

Epinay sur Seine le 31/03/2019
Comment vas-tu? Je t’imagine assise sur ta terrasse, à tort certainement car à cette heure ci le mur de la maison ne doit pas permettre de s’y tenir à l’abri du soleil. Me voilà depuis plus de huit jours rentrée sur Epinay. Les trois semaines passées dans le Lot nous ont permis sans mots inutiles de faire le point: nous avons toutes deux délaissé le blog, une sorte de rupture que nous ne expliquons pas.. Ce n’est ni lassitude ni désamour. Faut-il persévérer? Je ne me pose même pas la question d’un devoir. Un blog n’est pas fait pour enchainer.Trop d’idées qui se précipitent et un manque de clarté, un état de confusion…
Peut-être aussi l’impression de parler dans le vide..Je laissais le temps filer sans culpabiliser. Aujourd’hui je t’écris ,je reprends à la suite de trois de tes haikus de…janvier à mars!
La situation est nouvelle et devrait se percevoir dans nos billets puisque te voilà installée en presque rase campagne, de retour au bercail sur notre région d’origine et moi demeurée , ancrée, sur ma banlieue, choix de vie totalement consenti pour chacune . Tu m’as dit: » j’ai essayé de t’inviter à réagir à la formule « moi rat des champs et toi rat des villes… »Tout cela collant parfaitement avec notre « about », notre « à propos du blog », tel que l’envisageaient dès le départ les deux rats des champs émigrés a la ville et presque voisins que nous étions .
Donc quelques mots de ce retour ici. La semaine a passé bien vite entre tracasseries et petits faits savoureux. Au fil des rencontres et des conversations tenues au téléphone avec les amis à qui l’on annonce notre retour l’on apprend le vol des hamacs récemment installés en bord de Seine, les relations embrouillées et les chamailleries à démêler dans notre entourage. L’on devine chez un autre quelque fissure ou chagrin . Fr. partie sans avertir au Maroc m’appelle en vidéo. A la soirée musicale au PMO d’Orgemont où C. t’avait dit devoir jouer on a évoqué le décès et célébré la mémoire d’une princesse du rock locale asphyxiée au monoxyde de carbone. Quelques achats à gérer, de la paperasse, l’exposition à préparer pour la librairie Antipodes à Enghien. Nous avons gardé le « petit », J’ai rêvé en fixant la couleur du ciel et des immeubles qui se la jouent scandinave en gris et bleu tendres dilués dans une buée de pollution, bien loin du pur bleu lotois. Parce que pendants quelques jours et comme d’habitude à chaque retour l’appartement joue les prisons j’ai trainé dans les rues, dans les parcs,, avant de subir le flot des informations, car ici j’écoute la radio , je suis les infos alors que « là-bas » j’ai plutôt tendance à m’endormir devant l’écran . De retour dans mon atelier j’ai retourné mes toiles et mis de côté celles qui me fâchent .
Au cours d’une de mes balades j’ai retrouvé les abeilles. J’ai reconnu sur le remblai des berges de Seine, plein ouest , le bourdonnement d’une petite colonie d’ abeilles de terre que j’avais déjà remarquée l’an passé. Maintenant elles vibrent et s’activent par milliers à ras du sol où elles s’insèrent dans les trous minuscules qu’elles ont aménagés , d’où elles émergent pour butiner chaque fleur même la plus modeste , si nombreuses que leur résille mouvante pourrait inquiéter mais j’ai appris qu’elles n’ont pas de dard. pas d’essaim, pas de vie de groupe. Elles se nourrissent directement du nectar et du pollen des fleurs et ne fabriquent pas de miel. Par contre elles pollinisent les arbres alentour et font l’ordinaire des oiseaux…
Je sais que tu as préparé un article. J’attends et t’embrasse .A bientôt.
Huguette.GHV
Illustration: Maintenant. GHV
And playant tonight…Stéphane Affonço…
Epinay sur Seine mardi soir.La nuit est tombée.
Ch. part vers le quartier d’Orgemont, sa guitare au bout du bras. Terminus de la ligne de tramway T8 et quelques dizaines de mètres à tracer à travers la citée jusqu’au PMO , pôle musical d’Orgemont.
Au retour il me dira combien ils étaient, qui a chanté, quel répertoire, pour quel morceau Stéphane l’a accompagné, si celle qui veut interpréter Zaz a bien préparé Les passants ce qui l’enchanterait, s’il y a eu au final partage de gâteaux faits maison , quelle coiffure avait Stéphane , celui qui depuis trente ans lis-je sur le site du pôle, anime cours et rencontres, propose concerts et animations…Si je devais peindre son portrait ce serait en bleu de Prusse et orange à la manière du père jésuite Castigione Hongli dont j’ai sous les yeux une reproduction en couverture du René Luys de Ségalen .
Pour en revenir aux soirées du mardi cela parait bonhomme et convivial et c’est souvent ce que la musique apporte.
Nous avons cru nous souvenir en le rencontrant (et cette première soirée là je l’ai dessiné) que Christophe Guillem nous en avait parlé il y a bien des années alors qu’il pilotait Ch. sur des thèmes sud-américains,samba,rumbas ou jazzy ou encorse sur du manouche … Christophe , formation classique , était alors professeur au conservatoire d’Epinay, ville qui possède pas mal de points de chute pour les musiciens.
La ville est aussi ouverte au théâtre , à la danse , au sport …bien moins me semble-t-il aux arts plastiques même si des associations travaillent dans leur coin à maintenir leurs troupes mais sans perspectives réelles . GHV