Rencontre.
Croquis du train, croquis du jour: le hasard crée les rencontres.
La pierre -un galet – posée ,dressée, sur l’espace nu d’un désert évidemment vide, propulsée depuis l’espace, ou chue des montagnes …
La femme .
GHV
(Aussi dans la page Croquis du train)
En pleine figure.
Fin août, rejoignant mes camarades de chant, non loin de Villers-Cotterêts, j’ai entre autre, appris, La chanson de Craonne dont l’auteur n’est pas connu.
La terrible chanson de Craonne évoque le refus des soldats à continuer le combat. L’insoumission à leurs chefs, on sait que certains la paieront de leur vie et seront fusillés et bien sûr par leurs propres camarades. L’abattement, le découragement ont poussé à la mutinerie et pas seulement en 1917.
Voici le refrain de ce chant des désespérées: « Adieu la vie, adieu l’amour / Adieu toutes les femmes / C’est bien fini, c’est pour toujours / De cette guerre infâme / C’est à Craonne sur le plateau / Qu’on doit laisser sa peau / Car nous sommes tous condamnés / Nous sommes les sacrifiés. »
C’est dans ce même village de l’Aisne, Craonne, que la sculpture monumentale dédiée aux soldats massacrés du Chemin des Dames au printemps 1917, tout près de là, haute de 4 m de haut a été volée.
J’étais tout près d’un des lieux tragiques de la grande guerre. La découverte de cette chanson, la visite au petit cimetière de Boursonne où nous nous réchauffions la voix… un grand-père, gueule cassé, un autre gazé, il n’en fallait pas plus pour réveiller en moi, en même temps qu’une grande tristesse, un besoin de rendre hommage à tous ces garçons, jeunes ou moins jeunes qui ont servi de « chair à canon » comme on dit familièrement car c’était bien à cela qu’était destiné le soldat de base.
A la vue du carré militaire qui comptait beaucoup de jeunes soldats morts dès les premiers jours de la guerre ou tout juste après la fin de cette dernière, c’est un sentiment de gâchis immense qui prévaut. M’est revenue alors à l’esprit la fameuse définition de Paul Valéry : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »
Et aux dires de grands historiens spécialistes de la période, ce sont des raisons « irraisonnées et irraisonnables » si tant est que cela puisse se dire ainsi, qui ont déclenché cette guerre. L’exposition L’été 14 Les derniers jours de l’ancien monde, qui s’est clôturée début août à la BNF le démontrait magistralement avec cartes, tableaux, documents photographiques et sonores à l’appui.
Je m’étais offert il y a quelques mois En pleine figure, Haïkus de la guerre 14-18, dont je vous ai déjà parlé sur ce blog à l’occasion d’un petit historique du haïku français. Cette anthologie de haïkus écrits par des soldats de la grande guerre, est présentée par Dominique Chipot, aux Editions Bruno Doucey et préfacée par Jean Rouaud.
En voici quelques-uns non dépourvus d’humour et de dérision inspiré par le désarroi et la peur.
Les Cent visions de guerre de Julien Vocance prennent une large place dans ce recueil.
De Vailly à Craonne,
Le chemin des dames
Est pavé de crânes.
Cul en l’air
Sept ou huit tanks
Répètent leur numéro clownesque. René Druart
Un trou d’obus
Dans son eau
A gardé tout le ciel. Maurice Betz
Le son de sa voix
N’est plus dans mon oreille ;
Vais-je l’oublier-déjà ?
En pleine figure,
La balle mortelle.
On a dit : au cœur-à sa mère.
Dans la plaine noire
Un petit pêcher rose
Fait à lui seul tout le printemps.
Du mauvais champagne
Un piano…
Pour une heure il n’y a plus de guerre. René Maublanc
Soldat des tranchées
Homme des bois
Homme originel.
Dans sa flanelle
Ses ongles vont, picorant
Les petites bêtes.
Dans les vertèbres.
Du cheval mal enfoui
Mon pied fait : floche…
Hier sifflant aux oreilles,
Aujourd’hui dans le képi,
Demain dans la tête.
Jeunesse, grave et réfléchie
Pour avoir, merveilleux prodige,
Connu la mort avec la vie.
Julien Vocance (Cent visions de la guerre) publié en 1937
ELB
Haïku du jour.
Ronde et grosse
Lumineuse éclatante
Veille la lune.
ELB