Lettre à Jérémy.
Cher Jérémy
« j’aime pas vieillir. Mon anniversaire à venir sonne comme l’échéance de tout ce que je n’ai pas accompli. L’heure des I wish I had…. né au mauvais endroit, grandi pas comme j’aurais voulu, carrière de petit bourgeois… heureusement, une belle femme et une fille magnifique que j’aime plus que tout au monde! »
Voilà ce que tu écris ce matin depuis l’Ile Saint-Martin sur facebook et ce billet fait résonner en moi l’impression très étrange ressentie il y a deux semaines à peine, sur le seuil de cette petite maison du Lot que tu connais, en pleine nature, et à quelques heures de mon propre anniversaire: celle de l’inéluctable. Quelques années nous séparent et en bien des décennies me sont venues à moi aussi ces moments de rage, de fatigue, d’impuissance mais souvent et surtout le bonheur de faire , d’être, d’accompagner, et tiens , de t’écouter avec jubilation lorsque tu prends ta guitare ! . Le Lot est un lieu ou comme en ce moment au printemps la sève qui monte, le vert en non couleur, cette alternative au noir et blanc que brusquement un rayon de soleil embrase, la folle exubérance des oiseaux, l’éclat des cétoines sur les fleurs du jardin, un endroit donc ou chaque saison m’a habituée à l’évocation de la mort. Mais pour la première fois ce jour là elle m’a enveloppée de sa présence , me disant « tout se finit ». Je ne trouverai pas d’autres mots pour traduire l’intensité de la rencontre, aussi courte que persistante comme si je venais de franchir un cap, de basculer…Il est un exercice de philosophie qui certains pratiquent et qui est de penser quotidiennement à la mort ; peut-être a-t-elle voulu me le rappeler…
Le quotidien reprend le dessus : paresses et habitudes. Des projets que l’on imagine importants mais qui ne prendront d’envergure que alimentés par nos faibles possibilités. Alors courage…
Je t’embrasse ; 6724 km nous séparent mais les pensées voyagent Elles vont aujourd’hui vers tes deux préférées et vers toi bien sûr.
Huguette Galante.GHV;
Le lien de jérémy: http://www.partiravecmoi.fr/
Oh oui et comme je te comprends! Puisque nous avons en partage cette terre avec cette lumière et ces maisons quercynoises…
Et de même que nous avons apprivoisé le jour en ces lieux, il nous faut apprivoiser la mort comme le dit Montaigne.
ELB
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